Une nuit au Musé...umotel

Tu quittes Nancy la nuit tombée et tu roules le long de rien, le long de franges indistinctes percées de pères Noël pendus aux fenêtres, de rennes lumineux et de branches de houx clignotantes. Et tu arrives au milieu de nulle part, et ça s'appelle Raon l'étape, et ça donne un tout petit peu envie de pleurer. Plus loin il y a les Vosges, mais ça tu ne le sais pas encore. Tu es à Raon l’étape, et heureusement, au dernier troquet ouvert, le PMU du coin, tu découvres le Vendanges Tardives, et son petit claquement sucré derrière la langue te réconcilie avec le coin, au bout du deuxième tu ricanes déjà bêtement. Sur une île, au bord de l’eau qui charrierait presque les glaçons de la Neva tellement il fait froid, il y a le Museumotel. Tu ne l’as pas trouvé par hasard, tu es venue exprès. Des bulles blanches et tu as dix ans quand tu les regardes, tu te retrouves en tunique et pantalon de lycra à grosses fleurs orange et marron, cet ensemble que tu aimais beaucoup, à dix ans. Dedans c’est juste glacial. Super idée le stop à Raon l’étape, un des coins les plus froids de France ce soir, il va faire moins dix dans la nuit. Au matin tout est couvert de givre. Toi, tu as passé une bonne nuit, tu as toujours trop chaud la nuit. Le matin marcher jusqu’à la douche a été une épreuve mais une fois dessous, bon. Tes copines en revanche elles font la gueule au petit dèj. Elles avaient empilé sur le lit tous leurs manteaux, elles sont habituées à dormir avec la couette quatre étoiles et le chauffage à 24, alors. Mais toi tu as très envie de revenir voir les mini montagnes des Vosges et t’arrêter à Raon l’étape siffler un verre de Vendanges Tardives et revivre ce moment de douce dinguerie seventies.
En été, alors.